Est-on d’autant plus libre que l’on a la possibilité de faire n’importe quoi ?

Nous avons beaucoup réfléchi sur ce « n’importe quoi » qui nous a paru gênant, d’autant plus qu’il était le complément du verbe faire. Dans ce cas en effet, la liberté envisagée est une liberté d’action et il n’est strictement pas possible de faire n’importe quoi. Les contraintes physiques sont évidentes. Mais est-il même possible de penser n’importe quoi ?

Certains de nous pensent que la liberté intérieure est sans limites. Mais très vite nous estimons que même dans cette liberté de penser que nous supposons être accessible, il y a des limites données par nous-mêmes : limites de la raison, de la morale. En fait nous faisons un choix dans les possibilités d’action qui nous sont offertes et ainsi notre liberté est limitée par ce choix. Nous avons donc proposé une équivalence à ce « n’importe quoi » ; nous pouvons le remplacer peut-être par « ce qui nous plaît » ou « ce qui nous convient ».

Cependant, le problème posé essentiellement par cette question reste intact. Quels liens existent-ils entre la liberté extérieure et la liberté intérieure ? Nous avons observé que ce sont les personnes les plus opprimées par un régime politique dictatorial, les plus pauvres, qui revendiquent le plus fortement la liberté. Incontestablement, les circonstances extérieures ont une forte influence sur l’exercice de notre liberté. Si nous allons aux extrêmes, une situation de famine ou une guerre civile ne favorisent pas notre capacité de liberté intérieure, totalement mobilisés que nous sommes par notre survie. Notre liberté intérieure est donc relative à des conditions de liberté extérieure.

Cependant, certaines personnes, placées dans des conditions contraignantes (la prison par exemple), peuvent arriver à dépasser les limites extérieures qui leur sont imposées, grâce à leur pensée et à leur imagination. Mais la liberté absolue n’existe pas : que choisissons-nous dans une complète indépendance par rapport aux autres et à nous-mêmes ? Nous ne pouvons donc aspirer, quelles que soient les circonstances, qu’à une liberté relative. Celle-ci est plus ou moins facile à atteindre selon notre environnement et selon notre propre capacité à nous délivrer des opinions toutes faites, des influences que nous subissons…

La liberté est toujours à conquérir. Comme tout absolu, nous ne l’atteindrons jamais. Pouvoir faire ce qui nous convient est dans une certaine mesure dépendant du monde extérieur et aussi de notre propre situation intérieure. Nous avons besoin de nous adapter à ce qui nous entoure pour préserver notre liberté intérieure. Et ce n’est pas toujours possible.

Notre liberté grandit avec notre connaissance de notre environnement, de notre condition d’hommes, et bien sûr de nous-mêmes. Faire s’épanouir notre capacité de liberté est le travail de toute une vie.

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